Bénin/ Développement intercommunal: << De 2008 à aujourd’hui, l’ADECOB a eu sept présidents dont le leadership a été un atout certain dans le rayonnement de l’intercommunalité.>> Dixit Moussa GARADIMA,Chargé du Suivi-Evaluation, de la Capitalisation et du volet santé de l’Adecob

Publié le 17/09/2020 | J&P

Bénin

Les communes du Bénin sont définitivement convaincues que le véritable développement local passe par une mutualisation des efforts entre elles. Les textes de lois sur la décentralisation fixent d’ailleurs les conditions de mise en place de ces groupements intercommunaux qui, depuis plusieurs années, ont montré le bien-fondé de leur création dont les impacts sur les territoires membres convainquent. L’Association pour le Développement des Communes du Borgou (ADECOB) s’est prêtée aux questions de www.jumelages-partenariats.com. Moussa GARADIMA, Chargé du Suivi-Evaluation, de la Capitalisation et du volet santé de l’Association, dans cet entretien, parle des acquis, les défis, de la collaboration entre les cadres techniques et les élus mais aussi et surtout du secret de l’Adecob où se ruent beaucoup de partenaires techniques et financiers.

www.jumelages-partenariats.com: Bonjour monsieur, merci de vous présenter.

Moussa GARADIMA : Je suis Moussa GARADIMA, Spécialiste en Management des Projets et en Passation des Marchés Publics.  Je suis le Chargé du Suivi-Evaluation, de la Capitalisation et du volet santé de l’Association pour le Développement des Communes du Borgou (ADECOB).

Dites-nous c’est quoi l’ADECOB ?

L’ADECOB,  c’est l’association pour le  Développement  des Communes du Borgou portée sur les fonds baptismaux en décembre 2008 par l’ensemble des huit (08) communes du Borgou à savoir Bembéréké, Kalalé, N’Dali, Nikki, Parakou , Pèrèrè, Sinendé et Tchaourou.  C’est une association de type Loi 1901 qui regroupe les huit (8) communes du Borgou, département situé dans le Nord du pays et qui s’étend sur une superficie de 25 856 Km2   soit environ 23 % du territoire national avec une population de 1 214 249 habitants.

Quelle est sa mission et son mode de fonctionnement ?

La principale mission de l’ADECOB est de promouvoir de façon solidaire la démocratie à la base et  le développement économique, social et culturel de toutes ses communes membres. Elle  a l’ambition de développer l’intercommunalité et de favoriser la participation des citoyens au développement de leur territoire, en les impliquant dans la planification, la réalisation et le suivi d’actions de proximité, en cohérence avec les plans de développement communaux et les grandes orientations nationales.

L’ADECOB s’est dotée d’organes politiques  comme par exemple l’Assemblée Générale, qui est l’instance suprême de l’Association et qui se réunit tous les 2 ans. C’est à l’occasion des sessions de cette AG,  qu’est désigné le Président de l’Association qui est, avant tout, Maire d’une commune membre. La présidence est tournante entre les communes. Le mandat du Président n’est pas renouvelable. Chaque Président fait ses deux (2) ans et cède sa place à un autre issu d’une autre commune membre.

Il  y a aussi le Conseil d’Administration et surtout le Bureau Exécutif.

Le Bureau Exécutif regroupe l’ensemble des huit (08) maires du Borgou et se réunit tous les trois (03) mois. En dehors du Président  qui est chargé du développement institutionnel, les  sept (07) autres maires sont des vice-présidents. Chaque vice-Président anime une thématique. Bien entendu, le Bureau Exécutif est chargé de mettre en œuvre les décisions prises au cours des AG et des sessions du Conseil d’Administration.

En dehors des organes politiques que je viens d’énumérer, l’ADECOB s’est dotée d’un bras technique qui est le Secrétariat Exécutif de l’ADECOB. Il est dirigé par un Secrétaire Exécutif entouré de cadres techniques notamment les chargés de programme. Le rôle du Secrétariat Exécutif, c’est de mettre en œuvre les décisions prises par les maires qui constituent le Bureau Exécutif de l’ADECOB mais aussi d’apporter leur appui-conseil aux élus et au personnel communal mais sur la base du principe de subsidiarité. L’ADECOB ne fait pas à la place des communes, elle aide les communes à faire.

Evidemment, une association pour fonctionner a forcément besoin de ressources. Les communes membres assurent entièrement le fonctionnement de l’association à travers le paiement de cotisations statutaires annuelles qui varient de  8 millions à 14 millions par commune. Les ressources des partenaires techniques et financiers servent surtout à financer les activités de développement dans les communes.

Une dizaine d’années d’expérience dans l’accompagnement de huit (8) communes dans le Borgou: quels sont les acquis de l’ADECOB ?  

Les acquis sont très nombreux notamment dans le domaine social où nous avons aidé les communes à réhabiliter, construire et équiper des centres de santé, des écoles ou services communaux d’état-civil. A propos, nous avons modernisé les services d’état-civil et renforcer la capacité des officiers d’état-civil et leurs collaborations sur leurs rôles et responsabilités en matière de gestion de l’état-civil. Nous accompagnons, de concert avec les communes, l’installation de jeunes médecins en milieu rural, en clientèle privée afin d’améliorer l’offre et la permanence des soins surtout dans les zones enclavées.

Dans le domaine de la gouvernance, nous avons créé  une culture de compétition et de saine émulation  entre les communes, à travers l’instauration d’un prix de la bonne gouvernance chaque année. La commune lauréate reçoit un prix et des moyens roulants à deux roues. Nous avons également instauré des audits à blanc. Tout ceci a permis aux communes du Borgou d’être les plus performantes du Bénin. 7/8 communes du Borgou sont parmi les 20 communes les plus performantes sur les 77 que compte le Bénin, d’après les résultats du dernier audit  sur la gestion des fonds FADeC.

Dans le domaine de la mobilisation des ressources propres, nous avons doté les communes de plans stratégiques de mobilisation de ressources et nous les accompagnons dans la mise en œuvre dans ces plans en renforçant leurs capacités et en équipant les services chargés de la mobilisation des ressources.

Dans le domaine de l’aménagement du territoire, nous avons accompagné les communes du Borgou à se doter  de plans de développement communaux (PDC) et de Schémas Directeurs d’Aménagement Communal (SDAC) et aussi d’un Plan Directeur d’Urbanisme pour la vile Parakou.

Enfin nous avons aménagé trois pistes intercommunales Warikpa-Sontou entre N’Dali et Pèrèrè , Sakabansi-Dérassi entre Nikki et Kalalé et Bembéréké-Kossia-Sienendé entre Bembéréké et Sinendé. Les deux dernières que nous avons aménagées, avec la construction de quatre (4) ouvrages de franchissement sur ces dernières,  enregistrent en moyenne 1100 passages de motos à deux roues contre environ 167 véhicules par jour. Les ouvrages de franchissement réalisés aussi bien à Sontou-Warikpa, Sakabansi-Dérassi, Bembéréké -Sinendé  contribuent à une meilleure circulation des biens et des personnes et facilitent, entre autres, l’évacuation sanitaire des malades vers les hôpitaux de zone.

Beaucoup d’acquis mais aussi et sans doute de défis aussi: lesquels ?

Nous avons de grands défis à relever. Il s’agit principalement  de l’élaboration d’un nouveau plan stratégique 2021-2025 et de la mobilisation des ressources pour sa mise en œuvre ; du renforcement, l’autonomie financière de l’association ; de l’élargissement de la base partenariale de l’Association ; de l’accompagnement des communes à mettre en œuvre les outils de planification spatiale élaborés ( SDAC, PDU) ; de la mise en place d’un système informatisé de suivi-évaluation au profit des communes ; du renforcement des relations transfrontalières entre nos communes et le géant du Nigéria.

Espérons que les décideurs de l’Adécob, les maires notamment perçoivent l’enjeu. Sinon, dites-nous : la collaboration est-elle aisée entre vous, techniciens et les élus qui sont plutôt politiques, dans la conduite des initiatives de développement des territoires du Borgou ? Pensez-vous avoir véritablement une voix audible auprès d’eux ?

La collaboration est parfaite. Nous nous efforçons de ne pas afficher publiquement notre préférence politique ou notre chapelle politique. Nous sommes avec tous les maires, quel que soit leur bord politique. Mais, il faut reconnaitre que les maires eux-mêmes nous facilitent la tâche. Ils ne transposent pas leurs querelles politiques au sein de l’association. Quand ils sont à l’ADECOB, ils ne s’occupent que des questions de développement des communes du Borgou. Ils se taquinent   parfois à travers de petites blagues et l’ambiance est apaisée et très conviviale.

Il y a aussi, de mon point de vue, le fait que les cadres sont conscients de leurs responsabilités et assument leurs tâches avec compétence et un grand sens de redevabilité. Les élus nous écoutent dans la mesure où nous, les techniciens de l’ADECOB avec les cadres techniques des mairies, sommes là pour leur apporter notre appui-conseil mais surtout pour  exécuter les décisions qu’ils prennent.  Nous sommes écoutés parce que les actions que nous menons ensemble avec eux donnent  des résultats satisfaisants, des résultats dont ils sont eux-mêmes fiers.

Les partenaires techniques et financiers se ruent vers l’ADECOB pour appuyer les communes du Borgou. Quel est votre secret ?

Notre secret,  c’est d’abord l’esprit de solidarité et la bonne volonté des maires du Borgou et même de tous les élus.  Il y a ensuite le fonctionnement régulier des organes statutaires et le respect des règles établies.

Au niveau de l’ADECOB, nous avons instauré  le respect scrupuleux des dispositions contenues dans les conventions de financement que nous signons avec nos différents partenaires techniques et financiers. En d’autres termes il y a une certaine bonne gouvernance administrative et financière au sein de l’association.

Comme également facteur de réussite, il y a le leadership des différents Présidents qui se sont succédés à la tête de l’ADECOB. De 2008  à aujourd’hui, l’ADECOB a eu 7 présidents dont le leadership  a été  un atout certain dans le rayonnement de l’intercommunalité.

Il faut signaler l’omniprésence de  la coopération suisse aux côtés de l’ADECOB. C’est d’ailleurs elle qui a aidé l’association à se doter de ce bel édifice qui nous sert aujourd’hui de siège. Enfin nous entretenons d’excellentes relations avec la tutelle. La Préfecture de Parakou  est au cœur de nos activités et nous partageons ensemble certains cadres qui nous permettent de travailler en synergie pour le bonheur des populations du Borgou.

De nouveaux élus ont pris fonction depuis environ trois mois. Quelles sont les actions fortes que votre structure a déjà posées, au cours de cette nouvelle mandature des maires ?

Vous savez, dans le Borgou, les maires ont été renouvelés à 100%. Nous avons eu des inquiétudes au départ, mais nous avons été agréablement surpris par la capacité d’adaptation et d’assimilation des idéaux de l’association intercommunale par les nouveaux élus notamment le nouveau Président qui est d’ailleurs un ancien député.

Comme actions fortes, nous avons organisé dans les communes du Borgou,  avec la participation active  de tous les anciens Présidents de l’ADECOB, une mission de présentation de l’ADECOB  aux nouveaux élus. Cette tournée de présentation  a permis aux nouveaux élus de mieux connaitre les acquis mais aussi les défis qui attendent l’institution intercommunale.

Tout récemment, nous avons formé, avec l’appui de la coopération suisse, la Direction Générale de l’Etat-Civil  et du Tribunal de Première Instance de Parakou, les officiers d’état-civil et leurs collaborateurs notamment les maires, les adjoints aux maires, les chefs d’arrondissements, les chefs services communaux et les secrétaires d’arrondissement sur leurs rôles et responsabilités  en matière de gestion de l’Etat-Civil.

L’Etat entend apporter un soutien à hauteur de plusieurs millions aux collectivités locales, à travers les fonds COVID. Comment appréciez-vous cette information et qu’est-ce que l’ADECOB propose déjà pour accompagner les communes du Borgou dans la gestion efficiente de ces fonds ?

Nous disons un grand merci au Gouvernement. C’est vrai que la COVID 19 est toujours là.  C’est vrai aussi que les PTFs nous avaient un peu aidé dans ce sens, en finançant la mise à disposition des communes de matériels et équipements de lutte contre le coronavirus. Mais il faut reconnaître que la demande était forte et nous n’avions pas des ressources suffisantes pour faire face à cela.

Nous avons mis en place des comités communaux de lutte contre la COVID 19 dont nous finançons difficilement le fonctionnement. Je crois que cet appui va renforcer la lutte contre le coronavirus au Bénin et plus particulièrement dans les communes du Borgou. Nous sommes prêts à accompagner les efforts du Gouvernement.

Nous sommes à la fin de cette interview, quel est votre conclusion,  monsieur GARADIMA?

Je vous remercie pour avoir pensé à notre structure. Je remercie les élus communaux et locaux pour leur contribution appréciable au rayonnement de l’ADECOB. Un grand coucou à nos partenaires techniques et financiers notamment la coopération suisse, la coopération technique allemande la GIZ, l’Union Européenne, Care International Bénin-Togo et le Gouvernement du Bénin pour l’accompagnement appréciable apporté aux collectivités locales du Borgou. Nous formulons le vœu de voir l’Etat central accompagner davantage les communes à mieux exercer leurs compétences.

Entretien réalisé par Irédé David R. KABA

J&P


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